FICHE IC05 - Peinture par Atam RASHO et Trois paires d’yeux par P. Bernard GRENIER
Cette œuvre de l’artiste Atam RASHO, de Clermont dans l’Oise, franco-arménien, marié et père de trois enfants.
Très attaché aux expressions artistiques de sa foi, il propose à notre contemplation cette œuvre qui nous rejoint.
Cette invitation attend notre démarche, source de bonheur et de paix, pour accueillir la nouvelle année 2023.
Trois paires d’yeux
Cette peinture-dessin a fait l’objet d’une présentation dans le bulletin de l’Archiconfrèrie Saint-Joseph de Beauvais : le Messager de Saint-Joseph. Le poème cité est un texte, assez humoristique en sa forme, mais qui nous livre une invitation semblable à celle-ci-dessus.
Trois paires d’yeux nous contemplent,
un peu hiératiques, disons-le,
mais chaleureux, sans oublier nos amies
les bêtes, âne et bœuf, selon Isaïe.
Leur belle unanimité n’est pas là par hasard.
C’est bien vous qu’ils regardent, et nul autre.
Ils vous partagent sûrement cette grâce et cette paix
qu’ils reçoivent eux-mêmes à profusion, déjà pour cet an 2023.
Je me permets de me joindre à eux, voudrais essayer d’en faire au moins autant et vous souhaite de faire mieux encore. Avec amitié, prière ou affection,
P. Bernard Grenier Chapelain du Sanctuaire Saint-Joseph de Beauvais
FICHE IC04 - Icône de Joseph et l’Enfant - Réflexions par Albert Perrier
ECRITURE de l’ICÔNE
Il a fallu quatre week-ends pour écrire cette icône de Joseph et l’Enfant au lieu-dit Atelier de Joseph à Gedinne (Belgique). Cette écriture se fait selon la démarche de l’iconographie de l’Eglise Orthodoxe Russe. Elle consiste en l’utilisation de divers pigments agencés pour réagir les uns par rapport aux autres et visant à une montée en lumière, car on passe des ténèbres vers la lumière par touches successives sans apport de matière proprement dite.
JOSEPH et l’ENFANT
C’est évidemment une description sommaire que ce titre, mais c’est ce qui apparaît. Pour aller plus au cœur de cette icône, je vous propose trois points de réflexion qui ont habité celui qui l’a écrite.
Geste ordinaire d’un Papa avec son enfant
Il y a le mouvement d’un jeu de Joseph avec l’Enfant Jésus. Hisser sur son épaule et s’en amuser très franchement. Les vêtements de l’un et de l’autre sont dans le mouvement, et l’enfant en perd sa sandale.
Un sculpteur des environs de Troyes, Charles-Henri CHARLIER (1883-1975), présente le même geste et commente son œuvre par l’Enfant qui se joue de Joseph en lui disant : Je suis plus grand que toi !
On peut ajouter que le nom de Joseph souligne son rôle de faire grandir ou d’éduquer l’Enfant Jésus en humanité. Les Evangiles de l’Enfance le disent de Marie et de Joseph : « Jésus progressait en sagesse et entaille, et en faveur auprès de Dieu et auprès des hommes ».
Une future Maman au cœur d’une chapelle dédiée à la Sainte Famille au Sanctuaire Saint-Joseph d’Allex (Drôme), en lisant cette phrase, s’est exclamée : « Mon petit Didier sera comme cela ! »Elle livrait ainsi le prénom de celui qu’elle portait à ses grands parents ! Joie évidente de l’attente et grande confiance pour l’avenir !
Vers le haut et dans la lumière
Tout le mouvement tend vers le haut et c’est bien l’Enfant qui l’accentue dans son regard vers plus haut encore. L’un ou l’autre qui ont écrit cette même icône ont ajouté dans son angle haut-gauche : la main du Père ou l’évocation de l’Esprit Saint par des rayons de lumière. Joseph est dans le même mouvement : vers le haut !
Celui que Joseph hisse ainsi sur son épaule est « lumière née de la lumière. » Alors, il est baigné de cette lumière à laquelle il communie et dont il est irradié en toute sa personne. Le drapé blanc de son vêtement en est l’expression.
L’environnement des montagnes sous ses pieds est proche de l’environnement habituel de la Transfiguration de Jésus en ses vêtements irradiés de lumière. C sont les vêtements blancs de notre baptême et de notre profession de foi, car nous sommes baptisés et ressuscités en Christ.
Icône de bénédiction
Pour revenir à la lumière, l’écriture de l’icône fait communier au passage des ténèbres à la lumière. C’est une démarche intérieure de résurrection qui est tout d’abord au bénéfice de l’iconographe. Tout le temps passé devant l’icône en sa manifestation est habité de prière : - conscience de ses limites et docilité à l’écriture, patience et paix retrouvées, émerveillement et contemplation. Première bénédiction !
L’icône aura une destination religieuse en quelque endroit privilégié, pour un temps particulier ou pour une personne à qui elle sera remise. Celle-ci présidera à la rencontre du Symposium des 17-19 mars à Beauvais et Troussures. Elle sera aussi présente pour d’autres temps forts spirituels. La vérité de son rayonnement est liée aussi à la mention de toutes les personnes participantes à ces moments importants : elle devient un sacramental, c’est-à-dire le signe de sa présence voulue et demandée par l’iconographe. Deuxième bénédiction !
Maintenant, vous qui entrez dans l’accueil de cette démarche et ces intentions de l’iconographe, regardez l’icône, appréciez Joseph et l’Enfant, entrez dans la contemplation du Mystère de l’Incarnation au cœur de la Sainte Famille, aimez aussi vos démarches intérieures de résurrection. C’est la troisième bénédiction pour vous !
Bruxelles, ce 18 février 2015 P. Albert Perrier - CFRDJ
FICHE IC03 – L’icône de Joseph, le respectueux – une expérience spirituelle, par P. Albert Perrier.
L’animatrice propose un texte, au moment de s’inscrire à ce temps de cheminement spirituel en peignant une icône. Il y est écrit : La peinture d’icône est véritable apprentissage intérieur et chemin spirituel, dans le silence et la prière. Le but de l’iconographe est de transmettre à travers l’icône sa ferveur spirituelle et de vivre et exprimer sa foi à travers elle. La création d’icône reste un mystère et un miracle toujours réitérés, dans un face à face avec le Christ, quel que soit le visage dessiné. C’est toute sa vision de foi, reçue, accueillie, qu’il transmet.
Il y a transfiguration de la matière, des couleurs, de l’iconographe et de celui qui contemple. La méthode elle-même porte en filigrane le symbole de mort-résurrection : des couleurs sombres vers les claires, des ténèbres vers la lumière, selon des règles ancestrales rigoureuses qui mènent à la transparence. Toutes les étapes de la peinture-écriture sont ordonnées à une montée vers la lumière. Toute la matière est au service de cette transfiguration dans la lumière. L’icône nous appelle à élever nos cœurs. Ce monde de beauté en couleurs nous ouvre au sens de la vie qui ne périra jamais. C’est en acceptant de descendre dans ses propres abîmes, parfois douloureusement, que l’on peut rencontrer la lumière divine.
Du 16 au 22 décembre 2010
C’est le temps qu’il a fallu pour faire l’expérience de la peinture de l’icône Saint Joseph, le respectueux. Chaque jour, nous participons, matin et soir, aux temps de prières du Monastère Maronite qui nous accueille. Ensuite, notre temps de travail d’iconographe débute par un une méditation prolongée sur le chemin spirituel à faire pour vivre sa foi, son espérance et son amour, à travers l’icône.
Nous restons devant l’œuvre de l’icône, six bonnes heures durant, chaque jour. Trente six heures au total ! C’est là qu’une communion profonde naît et s’épanouit avec le visage dessiné et passant, peu à peu, de ses ténèbres à sa lumière, par le jeu des couches de pigments déposés les uns sur les autres. Leur réaction et fusion donnent le rendu des obscurs et des clairs. C’est un cheminement de tâtonnements, de bévues, de ratés qui se rattrapent, et peu à peu de petites réussites. L’émerveillement final tient à l’ensemble, mais surtout au visage auquel on communie depuis le début sans en connaître le vrai dévoilement.
Saint Joseph, le respectueux
J’ai pu donner ce nom à l’icône, car je portais en moi, au moment de sa réalisation, tout ce que saint Joseph m’a donné de patience depuis que je le fréquente plus assidûment, à partir de septembre 1997. La racine de respectueux, c’est le verbe latin respicere que je traduis : y regarder à deux fois, ou une deuxième et troisième fois selon les cas.
Le silence de Joseph, selon les récits de l’Enfance de Luc et de Matthieu, est toujours entouré de réflexion pour peser les situations des personnes et les événements en y regardant vraiment de près et par le cœur. Cela lui a demandé du temps et de la patience, à Nazareth et autres lieux où le mystère qui entoure Jésus se dévoile peu à peu.
Le silence du travail de l’icône reprend toutes les circonstances reconnues de l’intervention de saint Joseph : personnes rencontrées à cause de lui et pour lui, notamment à Beauvais, Cotignac, Kalisz et autres lieux où il est honoré selon la tradition catholique, tâches confiées chez lui, au Sanctuaire Saint-Joseph d’Allex et pour la revue du même nom pendant onze ans, espoirs et difficultés pour le faire connaître et aimer à travers le CFRDJ.
Le suivi d’aujourd’hui, c’est d’introniser cette icône en ces lieux de rencontres et de travail où sa présence aide, réconforte et soutient des projets, car saint Joseph se retrouve chez les siens, non pour lui, mais pour le mystère de Jésus qu’il a tant servi à ses commencements et qu’Il veut encore accompagner au cœur de l’Eglise, étant reconnu et prié comme son Protecteur. Cette intronisation d’une présence par l’icône est porteuse de grâces : nous en avons fait l’expérience !
POINTS DE REPERES HIERATIQUES
Une icône est une œuvre sacrée, symbolisant une présence par un ensemble de signes qui la recommandent comme telle. Ce n’est pas une simple peinture ou image. Elle porte un poids hiératique ou sacré selon des traits reconnus qui lui donnent cette portée soit pour l’iconographe soit pour le contemplatif qui la regarde. J’ai moi-même fait cette expérience profonde dans l’église d’Ivan le Bienheureux, à l’extrémité de la Place Rouge, lors d’une visite, demeurant longuement devant une icône de la Trinité en compagnie de nombreux Russes, se retrouvant en communion de pensée et de prière.
Quels sont quelques-uns de ces traits dans l’icône toute simple de Saint Joseph, le respectueux ?
Choisissant le fond vert clair, d’emblée la personne de saint Joseph est dans le milieu divin de l’Esprit Saint. Son auréole dorée le souligne encore fortement. Les cheveux blancs ne sont pas ceux de l’âge, mais le signe de sa sagesse de respectueux. Il est drapé de son manteau rouge, signe de son humanité et pour une part de son autorité. Le visage a les traits lumineux de son rayonnement discret, mais très présent à l’iconographe et au contemplatif. Le geste de la main droite, tournée paume ouverte, est celui de l’autorité paternelle auprès de l’Enfant-Dieu en son humanité. Le rouleau des Ecritures à la main souligne que Joseph a transmis la Torah, la Bible, à Jésus. Les petites colombes sont l’offrande des pauvres, au moment de la Présentation au Temple.
Voilà une icône qui a marqué ma dévotion en ce passage de l’Avent et de Noël 2010.
P. Albert Perrier
Note :
* Cette icône existe en cliché portant la référence : BE011CFRDJ0001, d’un poids 1,5 méga.
A commander à CFRDJ@aol.com ou perrier.albert@yahoo.fr au coût de 5 € de participation aux frais.
Chèque à l’ordre du CFRDJ – Maison Saint-Joseph – 26400 ALLEX, en indiquant dans la correspondance : icône. Le copyright : A. Perrier-CFRDJ. Tout droit réservé pour utilisation autre que privée.
** Retraites d’icônes, animées par Mme Astride HILD, iconographe catholique, diplômée par l’Eglise Orthodoxe russe. – Tél : 0032 (0) 2 731 47 36 - Mail : astride.hild@gmail.com - Site : http://www.iconographie.be
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Fiche IC02 – Fuite en Egypte de Maître Alfred OST (1884-1945), présenté par Albert Perrier.
« Le cœur de la foi chrétienne et la profonde grandeur de la Rédemption sont représentées en douze œuvres d’Alfred OST (1884-1945) qui furent données aux Prémontrés en 1997 et qui sont conservées à Bois-Seigneur Isaac (Brabant-Wallon –Belgique). Le Fuite de la Sainte Famille en Egypte représente l’homme de tous les temps accablés par le mal.» (Propos de l’Abbé Prémontré Ulrik Edaward GENIETS – Averbode, et traduit par le Fr Christophe Monsieur- cité dans le livret Bois-Seigneur Isaac – p. 6 –Edition 2000).
L’œuvre de la Fuite de la Sainte Famille en Egypte est faite selon le procédé du lavis. C’est une œuvre des environs de 1918 ou après.
Ost a dessiné cette Fuite en Egypte à petits traits, et l’a rehaussée au pinceau. Joseph tient son bâton de la main droite et la bride de la main gauche : aucun risque que l’âne ne file avec ses passagers, Marie et l’Enfant endormi .
A l’arrière-plan, un paysage montagneux, un chemin, cahotant, une région reculée. Le voyage n’est pas facile. Joseph avance encore vaillamment alors que Marie, déjà fatiguée, s’est installée sur la monture avec son fils. Ils atteindront la frontière encore à temps.
Photo : Albert Perrier – CFRDJ
* Lavis : Procédé qui consiste à teinter un dessin au moyen d’encre de Chine, de sépia, de bistre ou de couleurs étendues d’eau (Petit Robert).
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Fiche IC01 – Le tableau de Kalisz : essai d’interprétation iconographique, par Albert Perrier, Spiritain, Secrétaire du CFRDJ.
Introduction
Nous sommes-là devant une œuvre un peu particulière dont on ne connaît pas l’auteur. Pour cette raison, ce tableau est dit merveilleux et porte le nom de tableau de saint Joseph.
Nous reprenons le bref historique qu’en a fait M. Christian Gaumy. L'origine du tableau est miraculeuse car il fut peint selon les indications de saint Joseph lui-même. Stobienia, un habitant des environs de Kalisz en Pologne, souffrait d'une maladie grave. Il pria saint Joseph. Celui-ci lui apparut une nuit en disant : « Tu guériras quand tu feras peindre le tableau de la Sainte Famille avec une inscription : « Allez à Joseph » et que tu l'offriras à l'église collégiale de Kalisz». Il le fit faire et fut guéri. On ne sait qui est le peintre. Désormais ce tableau est installé au sanctuaire Saint-Joseph de Kalisz depuis 1673. Considéré comme tableau miraculeux après nombre de guérisons reconnues par l'église locale, il est devenu un lieu de pèlerinage depuis cette époque et attire des foules considérables de Polonais. (Fiche DE02)
Image de dévotion
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Il est clair que nous sommes devant une peinture religieuse à vocation de dévotion populaire et propre à un enseignement religieux assez soutenu. Le tableau n’est plus seulement centré sur saint Joseph dont il porte le nom , mais bien sur les deux mystères chrétiens qui s’éclairent l’un l’autre dans la communion de ce qu’il est convenu de nommer, d’une part la Trinité céleste dans l’axe verticale centrale, d’autre part, la Trinité terrestre, dans la seconde moitié basse horizontale.
La Trinité céleste telle que nous la percevons ici : Père des Cieux et Esprit-Saint tournés vers le Fils fait homme : Jésus. La Trinité terrestre telle que nous la voyons : la Sainte Famille de Marie, Jésus et Joseph. La communion des deux Trinités se fait en la personne de Jésus. La contemplation de dévotion qui nourrit la foi se tourne vers le Mystère de l’Amour trinitaire pour l’humanité en sa création et en sa rédemption dont l’Incarnation de Jésus est le chemin obligé du salut.
Contemporain du tableau, Bernard Rosa (1624-1696) et même Abbé de Krzeszów, abbaye cistercienne de Silésie (Pologne), écrit : La Sainte Famille est l’image parfaite et la ressemblance de la Sainte Trinité. Il appelle la Sainte Famille la Trinité créée.
Plan plastique global du tableau
Sous la réalisation plastique du tableau, il y a un ensemble de lignes ou premiers traits du dessin, des plans ou espaces verticaux et horizontaux assez nets, comme aussi des gestes des personnes et des couleurs dominantes. Nous les détaillons tant soit peu, car ils permettront de souligner mieux le message qui passe par tous ces détails et leur ensemble.
L’espace vertical central est très marqué par les trois personnes trinitaires dans leur environnement lumineux et légèrement en retrait vers l’arrière en raison de la perspective nous entraînant vers le haut : effet d’éloignement et de distinction d’avec notre monde. L’autre espace horizontal semble rapprocher de nous les personnes de la Sainte Famille, car ils sont dans un plan plus avancé, plus proche, soutenu par un déplacement de leur marche vers nous. Ces décalages de plans par rapport à nous donnent une profondeur au tableau.
On peut à ce niveau plastique souligner comme deux triangles inversés, l’un a sa base au Ciel et sa pointe aux pieds de Jésus et l’autre a sa base aux pieds des trois de la Sainte Famille et sa pointe juste au-dessus de la tête du Père des Cieux.
Les gestes sont sobres et éloquents : regard et mains du Père des Cieux, sa droite et sa gauche différemment occupées ; l’Esprit Saint qui plane en plein hallo lumineux et dont un rayon est plus nettement en direction de Jésus Enfant, bien campé dans sa démarche et dont l’auréole est sur fond de luminosité propre à la terre. La Sainte Famille est soudée en se tenant la main et allant vers l’avant, chacune ayant le regard méditatif qui est propre à son intériorité.
Enfin les registres de la lumière varient, verticalement et horizontalement pour les personnes de la Trinité. Sous la main droite du Père et dans la direction de son regard, le tableau a un discret faisceau lumineux vers Marie, déjà sauvée ; de la main gauche du Père des Cieux qui tient le globe terrestre surmonté de la Croix, se déploie une zone plus sombre englobant Joseph qui est compté parmi ceux et celles encore marqués du péché et que Jésus vient sauver.
Dans les détails
Le tableau ainsi préparé et remis à notre dévotion ou à notre contemplation, nous dit beaucoup de points de notre foi. Avec vous, j’entre dans l’accueil de son message chrétien.
Le Père des Cieux
Sous ce nom, Jésus le nomme le plus souvent. Il est présenté dans l’environnement céleste lumineux. Son geste est celui de la création, tenant en main le globe terrestre : lieu de l’humanité. Son regard est sur ce monde, mais spécialement sur Jésus et Marie, car c’est lui qui engendre son Fils en humanité par l’action de l’Esprit Saint : aujourd’hui je t’ai engendré, mon Bien-Aimé (Luc 3, 22 et Psaume 2, 7). Sa main droite est celle manifestant sa puissance d’Amour. Tout ce côté au dessous de la main droite du Père est plus lumineux jusqu’à atteindre Marie, la toute aimée de Dieu en son Immaculée-Conception, déjà toute entière dans la lumière du salut. La main gauche du Père des Cieux tient le globe terrestre qui attend la lumière du salut par la Croix et au-dessous d’elle, ce côté du tableau est dans un certaine zone de ténèbres, attendant avec Joseph le salut de Jésus à qui il donne ce nom : Dieu Sauve (Matthieu 1,21)
La Trinité céleste
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Elle occupe l’axe vertical et central du tableau. L’environnement est pleinement lumineux et rejaillit vers Marie et Joseph comme sur l’arrière plan du ciel et de la terre. Le ciel ou horizon de la terre est lumineux ; la terre l’est aussi un peu, mais elle est en attente du salut et de la pleine lumière apportée par Jésus : lumière et vie des hommes selon Jean 1, 4-5 : Le Verbe était la vie et la vie était la lumière des hommes et la lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas comprise. Jésus est évidemment dans cette pleine lumière comme l’Esprit Saint
Le Père des Cieux regarde vers son Fils pour dire comme au Baptême du Jourdain : Celui-ci est mon Fils Bien-Aimé, celui qu’il m’a plu de choisir (Matthieu 1, 21) ou : Tu es mon Fils, aujourd’hui, je t’ai engendré (Luc 3, 22).
Cette scène est proche de la théophanie rapportée par Matthieu et Luc, au moment du baptême de Jésus au Jourdain : Or comme tout le peuple était baptisé, Jésus, baptisé lui aussi, priait ; alors le ciel s’ouvrit ; l’Esprit Saint descendit sur Jésus sous une apparence corporelle, comme une colombe …(Luc, 3, 21).
La Sainte Famille
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Elle occupe la moitié basse du tableau à l’horizontal. C’est le bel ensemble de la Trinité terrestre : Marie, Jésus et Joseph dans le geste familier de se tenir la main en allant de l’avant comme le souligne le drapé des vêtements sur les genoux des trois. L’arrière-plan est légèrement lumineux de la lumière du ciel horizon de la terre.
Le cœur du tableau, au croisement de l’axe vertical de la Trinité céleste et de l’axe horizontal de la Trinité terrestre donne au tableau tout son sens : le Bien-Aimé du Père est confié à l’amour de Marie et Joseph et leur donne en même temps cette grâce de l’Amour trinitaire.
Les mains
Le geste familier de se prendre par la main est d’abord celui tout à fait normal d’une famille unie.
Deux mains ont ici leur importance :
- celle de Joseph, sa droite, prenant la main de Jésus, signifie l’autorité que Joseph assume auprès de Jésus et dont Jésus fait sa nourriture : Ma nourriture, c’est de faire la volonté de mon Père des Cieux, remise à Joseph. Le manteau rouge est signe d’autorité pour les affaires quotidiennes de la Sainte Famille.
- celle de Jésus, sa droite, prenant la main de Marie, signifie l’autorité propre du Fils quant aux Ecritures dont Marie fait sa nourriture en méditant tous ces événements du Mystère de Jésus en son cœur.
Marie
Ce côté gauche du Tableau (pour le contemplant ) se trouve dans une certaine luminosité qui participe du regard et de la main du Père des Cieux sur son humble servante – parce qu’Il a porté son regard sur son humble servante (Luc 1, 48).
C’est l’Amour Trinitaire qui fait de Marie, la Toute Aimée de Dieu (Luc 1.29)
L’Esprit Saint qui couvre Marie de son ombre : l’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre : c’est pourquoi celui qui naîtra sera saint et sera appelé Fils de Dieu ( Luc 1, 35) . L’Esprit plane sur Marie comme sur les eaux de la création et celles de nos baptêmes : source de vie divine.
Méditative et éducatrice spirituelle de Jésus, Marie a en main le livre des Ecritures.
Joseph
Ce côté droit du Tableau (pour le contemplant) se trouve plutôt dans un environnement sombre que soulignent encore, là-haut dans la main du Père, le globe terrestre, et la tunique de Joseph. C’est moins lumineux que le côté opposé, chez Marie.
La terre et l’humanité attendent leur salut de Jésus. Joseph est de notre race et de notre filiation directe en l’Adam terrestre, pécheur. Il sera rejoint par le Seigneur Jésus descendant aux Enfers pour libérer de la mort les Ancêtres, les Patriarches et les Prophètes…
L’Esprit Saint
Dans la lumière de l’Esprit Saint, l’arrière fond du ciel, horizon de la terre, est tout lumineux comme une aurore.
Marie et Joseph sont habités de sa lumière et en reflètent la sérénité et la paix sur leurs visages.
Jésus en son humanité est conduit par l’Esprit Saint. Cela sera dit de lui : Alors Jésus avec la puissance de l’Esprit revint en Galilée et sa renommée se répandit dans toute la région (Luc 4, 14-15). Lui-même, tout aussitôt, ouvrant le livre d’Isaïe à la Synagogue de Nazareth lira ce qui est écrit de lui : L’Esprit de Dieu repose sur moi parce qu’il m’a conféré l’onction (Luc 4, 16). C’est tout aussi vrai de chacun de nous, baptisés et confirmés.
En concluant
L’iconographie (statuaire, vitraux, peintures, sculptures), est une école de notre dévotion et de notre foi. Il y a bien quelques commentaires possibles, comme ceux de cet essai. Le principal est ailleurs : être touché par l’œuvre et y retrouver ce que tant de croyants ont trouvé pour mieux connaître et aimer saint Joseph au cœur de la Sainte Famille et du Mystère de l’Incarnation.
Bruxelles, ce 17 novembre 2010